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L'insolite

11 mars 2008

présentation

Bonjour, je m'appelle André. Quant à mon nom il est identique à celui de deux comédiens avec qui je n'ai aucune parenté, donc sans importance. Pas les comédiens, bien sûr.

J'écris et je peint. Mes écrits sont plutôt des nouvelles de taille différente. Cela va de dix lignes à deux à trois pages. J'ai fait éditer un petit bouquin (10 € ) intitulé "Ecris-moi mais ne me dit rien". Ma peinture est assez géométrique et très colorée.

Au plaisir de vous lire.                                                          ANDRE

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11 mars 2008

LES NOUVELLES

FLOP

Flop tournait en rond dans son bocal-boule, il n’arrivait pas à plonger dans l’immensité sur laquelle flottait l’aquarium. Il voulait rejoindre les autres ne sachant eux-mêmes où donner des nageoires, égarés dans cette plaine aquatique, ni mer, ni fleuve ; tout simplement le débordement colérique de Musarde. Cette paisible rivière s’était fâchée suite aux exactions commises sur ses berges. Les habitants avaient voulu la mater et s’en étaient  mordu les doigts. Ils ne cessaient d’imaginer l’offrande ou la sacrifice à accomplir pour se faire pardonner.

Musarde n’était pas méchante et n’avait qu’une hâte, retrouver son lit de sable blanc, et sa rencontre avec le petit poisson rouge lui en fournit le  prétexte.

-Salut petit poisson, comment t’appelles-tu ?

- Flop.

-C’est gentil comme nom mais que fais-tu dans cette grosse boîte en verre ? Tu ne veux pas venir te baigner chez moi ?

- Eh non ! Je suis prisonnier dans cet affreux bol où je me cogne partout, d’ailleurs cela se voit à ma gueule écrasée.

- Saute alors ! lui suggère Musarde

- Impossible, la forme de cette piscine m’empêche de sortir.

D’un coup de vague, Musarde fit couler l’aquarium et ils partirent, bras dessus, bras dessous, se cacher au fond du lit de sable blanc, sous les branches d’un saule qui caressait l’onde aux reflets chatoyants.

28 février 2008

LES CLEFS Le chat est couché sur le divan rouge,

LES  CLEFS

Le chat est couché sur le divan rouge, face à la télé qui parle toute seule. Il ne la regarde pas. Un, parce qu'il n'y comprend rien et deux, parce qu'il s'en fout. Il a raison le chat, il reste cool. Cependant que Red, le grand chien roux d' Alexandre  zigzague dans les ruelles, flairant les pistes sauvages. C'est un chasseur, Red, un chasseur cool comme le chat. Car il faut être cool, de nos jours, pour surnager dans la grande mare de la vie en évitant de s'empêtrer les pieds dans les  herbes hautes.

Les rues de l'ancienne bastide  ont raisonné sous bien des pas et nos amoureux rêvent en badaudant.

- J'aimerais habiter dans l'une de ces demeures médiévales, aux murs patinés par le temps, murmure Mathilde.

- Oh ! temps suspend ton vol, ironise Alexandre.

- Tu reviendrais du travail, le soir, et tu cognerais cette massive porte avec le pesant heurtoir

- Une sonnette ne ferait-elle pas mieux l'affaire !

- Tais-toi, tu gâches tout..

-  Je suis réaliste, moi.

- Déjà l'été, Alex.  Ecoute le bourdonnement grandissant des voix :  il court le long des venelles, s'arrête à un coin de rue, brusquement gronde à une terrasse de café et repart, passe d'une fenêtre à l'autre, s'engouffre par une porte entrebâillée, fait un tour de table, ressort et rebondit pour chuchoter sur le parvis de l'église.

- Ouais ! et pourquoi chuchotent-ils sur le parvis de l'église, les touristes ? Hein, Mat !

- Séraphine, la bonne du Curé, a perdu les clefs… Pas de clefs, porte fermée. Donc pas de visites, ni de messes. Elémentaire , mon cher Alex.

- Et le Curé ?

- Il s'est fait la malle au monastère voisin, afin de récupérer sa foi que Séraphine commençait à lui faire perdre .

- Monseigneur qu'en dit-il ?

- Il ferme les yeux. Il a fait apposer un écriteau sur le portail de l'église " Recherche clefs, désespérément "

Mathilde seconde sa mère à l'Agence Postale. Elle écrit des poèmes et a la tête pleine de rondos et de sonorités de clavecin. Alexandre, après sa sortie de l'école de journalisme réside chez son oncle, dans l'attente d'un job. Il n'en  n'a rien à cirer de cette antique cité, aux rues grossièrement pavées. Avec son bon coeur, il rêve de sortir de la grande mare, les oubliés de la planète.

Le trousseau gît au bord de la route, le long de la rivière, à cet endroit où des rochers déchirent son flot et la rendent dangereuse. Les clefs causent bien du tourment à Séraphine. Elle écrit au monastère pour raconter ses souvenirs au prêtre, au sujet d'une promenade qu'ils ont faite, au printemps, dans le parc d'un château voisin.  « Quelle belle journée nous avions eue. Assis sur ce banc de pierre où vous m'avez entretenue de la rencontre de Jésus et de Marie-Madeleine. Je me souviens encore de cette pelouse parsemée de pâquerettes et de jonquilles et d'un adorable petit bouquet de violettes niché entre les racines d'un arbre »

Le Curé de la bastide, à l'église sans clefs, se tient debout devant le bureau du Père Abbé, des yeux, il suit une fourmi sur le plancher.  Celui-ci vient de lui lire la lettre de Séraphine et lui pose une question : " Qui est cette fille ? " .

- C'est ma bonne , mon Père.

- Et vous allez vous promener, avec elle, dans un parc pour lui parler de Jésus et de Marie-Madeleine .

-La vieille cure est austère, cela était plus agréable dans un décor champêtre.

- Vous pensez mal, mon garçon, et je me vois obligé d'en référer à Monseigneur. A votre avis ?

- Vous voulez mon avis ?

- Oui.

- Tout bien réfléchi, je rends ma soutane. Je quitte votre palais des mille et une nuits, en solitaire. Je retourne vite fait au village.

- Vous êtes fou !

- Non, je veux être cool. Tchao !

Tempête sur le bourg. Les habitants vont de surprise en surprise. Monsieur le Curé est revenu, en civil, et a décidé de retrouver les clefs du temple.

- Voyons, Séraphine, où et quand situez-vous la perte de ces clefs ?

- Le jour où nous avons flâné le long de la rivière. Vous m'aviez parlé du baptême de Jésus. Vous vous rappelez ?

- Oui, bon. Alors il faut y retourner .

Tout le monde s'y est mis. Mathilde, Alexandre et son chien, son oncle, le Curé et Séraphine,  Red a découvert le trousseau et commencé à jouer avec. En voulant le lui reprendre Alex a terminé sa glissade dans l'eau. La sueur aidant il s’est offert une broncho-pneumonie.

-Pas grave, il est jeune, il s'en remettra, déclara l'oncle.

- On a bien rit, tout de même, gloussa Séraphine.

- Voyons Séraphine ! Gourmanda Monsieur le Curé.

- Ben quoi, c'est vrai, répondit-elle, mutine.

Les clefs ont été nettoyées. La porte de l'église ré-ouverte. Depuis Séraphine organise les visites et Monsieur le Curé célèbre les offices. Monseigneur est venu et est resté longtemps au presbytère. Les touristes, sur le parvis, ne pipaient mot car le bourdonnement des voix, à l'intérieur, était accompagné de coups sourds, comme un poing qui s'abat sur une table. En partant, Monseigneur, la barrette de travers, a récupéré son écriteau. Il ne reviendra pas  assister au mariage du prestolet et de sa bonne. Il ferme les yeux.

Le prêtre et Alex sont devenus copains. Ils envisagent de faire une action pour sortir de la mare locale, les oubliés de la paroisse. Pourquoi vouloir aller chercher si loin ceux que l'on a sous la main. Mathilde et Séraphine veulent créer une Association pour la revivance de la bastide. Pour débuter, il est prévu un concours de poésie et un concert de rock, au clavecin.

Le chat a quitté le divan rouge et accompagne Red dans ses chasses. Il est toujours bon d'épauler un ami. Tout en restant cool, évidemment.

                                                                                    

Prestolet : prêtre peu considéré (1657)

10 février 2008

Les copains

Je m’étais arrêté pour satisfaire un besoin naturel; la tribu avait continué son chemin sans plus d’attention. C’est çà les copains.

Je referme mon fermoir éclair en faisant bien attention de ne pas coincer ma chemise avec, parce que là, je ne vous dis pas le boulot que cela représente, et le temps perdu pour rattraper les copains qui, eux, continuent leur chemin sans plus d’attention. Bon le travail fini je m’engage dans le chemin qui se trouvait être le seul dans les parages, pas de problème. Au bout d’un moment il me semble entendre des voix. “Bon, y sont pas loin, me dis-je”.

Erreur, c’était seulement un gars qui en avait après son cheval, ou son âne, ou ses vaches. Je ne comprenais pas très bien son langage qui était différent du mien, quoique nous demeurions dans le même pays. En arrivant à sa hauteur je le salue et lui demande en riant si il n’avait pas vu un petit groupe de nomades passer devant chez lui, vu que dix mètres avant sa ferme le chemin se fendait en deux, un coup à droite, un coup à gauche. Je n’aurais pas du employer ce terme “nomade”. Le brave homme me toise de toute sa hauteur - un mètre cinquante de haut, un mètre vingt de large - et son visage s’empourpre en me jetant à la figure “Môssieu, ici, les gitans ont les vire à coup de fusil”. je m’empresse de le rassurer en lui précisant que mes nomades ne sont que de paisibles randonneurs. “Ah bon, c’est pas pareil, quoique parfois il y en a qui sont pas bien élevés. Figurez vous que l’autre jour ...etc, etc” C’est parti pour un bon quart d’heure et pendant ce temps là les copains continuent leur chemin sans plus d’attention.

“Excusez moi - quand j’ai pu placer un mot - excusez moi, mais les randonneurs sont bien passés devant votre ferme ?” .”Mais oui il y a un petit groupe “qu’a passé“, y’a un bon quart d’heure. Heureusement d’ailleurs parce que si il avait tourné avant il se serait retrouvé sur le tas de fumier” La phrase ponctuée d’un gros éclat de rire. “Merci, m’sieu” et j’accélère pour essayer de rattraper les copains qui jasaient cool tout en mettant un pied devant l’autre.

“Ma voiture pouvait pas démarrer ce matin, je ne comprenais pas vu que j’avais fait le plein la veille, et que la batterie est neuve.”

“Il faisait froid ce matin...

“ C’est pas ça, c’est les pique-pneus ...

“ Les pique-pneus...//

“ Hé oui, mon gars, une bande de gamins qui passent leur temps à crever les pneus des bagnoles...

“ Ben mince alors, et qu’est ce que t’a fait ?

“ Je suis allé chercher des pneus neuf chez Emile, le beau-frère de ma femme, qui est garagiste.... Du coup Ginette à râler parce qu’elle n’aime pas que j’aille chez Emile...

“ Et pourquoi ça, c’est bien chez lui où tu travailles tous les jours...

“ Oui mais, Ginette crois que j’ai un ticket avec sa soeur.

“ Évidemment ça pose problème...

“ Comme tu dis...

Et ça papote et re-papote tout en avançant sans plus d’attention

“Hé ho, attendez moi, j’arrive...

“Ben, d’où tu sors ? Tu vois on fait une pause en t’attendant...

Essoufflé, rien à dire. On repart.

Au bout d’un kilomètre le chemin se refends en deux. La tête du groupe, les “ceusses” qui marchent toujours comme des dératés, part, tête la première, sur le droite. Heureusement, un des nôtres qui a une boussole dans le crâne, les interpelle “ C’est pas par là, c’est à gauche “ “Ah bon et pourquoi ?” “Parce que vous lisez le plan à l’envers”. L’équipe repart sur la bonne voie et avance sans plus d’attention. Ainsi se déroule la rando, tantôt sur la route, tantôt à travers bois et champs.

Il est treize heures, l’heure sacrée de la bouffe, bien installer dans un petit restau campagnard. Nous arrivons sur la placette où stationne le bâtiment rustique, qui nous surprend par une affichette apposée sur sa porte “ Fermer pour cause de décès”, ce qui n’était pas prévu dans le programme. “Ne vous inquiétez pas il y en a un à cinq kilomètres d’ici” Moral remonté, jambes un peu molles, nous repartons dans la direction indiquée”

Évidemment nous accélérons la cadence, les bornes sur la route commencent à se resserrée, et les arbres font une haie clairsemée. Enfin nous arrivons devant le second estaminet qui est entrain de fermer.

“ Bonjour, on peut déjeuner ?

“ C’est plus l’heure, et j’ai plus rien à vous offrir..

“ Pourriez pas nous faire une fleur, un peu plus loin le restaurant est fermé pour cause de décès.

“ Je sais, d’ailleurs y sont venu manger chez moi avec la famille et les amis. Une vrai fiesta, ils enterraient la belle-mère. Une sacrée bonne femme, mais très riche, alors vous pensez Sur ce le rideau tombe comme un couperet de guillotine.

“ On va où maintenant ?

“Aux voitures, de là on avisera.

Les bornes kilométriques forment un muret continu et les arbres une haie opaque, tout cela pour vous dire que la cadence à sérieusement augmentée. Finis les papotages, la tribu avance sans plus d’attention. Après un parcours dès plus éreintant nous aperçûmes, enfin, le parking tant désiré. Étrangement, toute une foule était assemblée, et palabrait autour de nos voitures. “Que se passe -t’il? “”Eh bien il y a une voiture qui s’est enflammée tout seule, mais on ne sais pas à qui elle appartient”

“ M....., c’est la mienne. Pas possible, je suis maudit, ce matin les pique-pneus et maintenant ma bagnole cramée”

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